Ma vie, c’est un peu un enchaînement de valses et de petits malheurs.
Voilà comment Louis a ouvert le bal lors de notre premier entretien.
J’ai vite su que ma plume allait valser. Car Louis, c’est toute une partition. Accordéoniste depuis ses 15 ans, il a roulé sa bosse au rythme des guinguettes et des fêtes de village, jouant pour faire virevolter les autres, même quand la vie, elle, le faisait trébucher.
« Mon père voulait que je sois boucher, mais moi, je n’avais que la musique en tête », m’a-t-il confié avec un petit sourire nostalgique, celui qu’on a quand on regarde derrière soi et qu’on mesure combien les rêves d’hier ont forgé l’homme d’aujourd’hui.
Louis a fait danser des mariés, des veuves, des cœurs brisés. Il a joué pour les amoureux sous les lampions et pour des salles d’ouvriers fatigués. Mais sa propre vie, c’était une valse à contretemps. La mort brutale de son père, alors que Louis n’avait que 16 ans. Les années d’Algérie, où ses mains de musicien ont dû tenir autre chose qu’un accordéon. Et Marie-Claire, « la valse de ma vie », qu’il a rencontrée un soir de bal et perdue trop tôt, emportée par la maladie.
« Chaque fois que je pose mes doigts sur mon accordéon, c’est comme si je la faisais danser encore », m’a-t-il murmuré un jour, en regardant ses mains. Des mains usées, mais toujours capables de transformer le silence en poésie.
Au fil des pages, j’ai découvert un homme qui a choisi de continuer à jouer, envers et contre tout. « La vie, c’est comme une valse », m’a-t-il dit un jour. « Trois temps : le bonheur, les épreuves, et ce qu’on décide d’en faire. Moi, j’ai dansé. »
Chaque histoire de vie que j’écris m’apprend quelque chose, m’enrichit.
Celle de Louis m’a rappelé que même quand la musique se fait plus lente, même quand les tempêtes emportent le décor, on peut choisir de continuer à danser.
« La vie n’est jamais qu’une valse », m’a dit Louis. « Il y a des temps légers, des temps graves, et le courage de ne pas quitter la piste ».
Merci, Louis, pour ce pas de danse partagé. J’accepte volontiers votre invitation à valser.
Chronique rédigée par Anne-Sylvie Pinel, plume de vie : https://ecrivainbiographeparis.com/
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