“J’ai pas fait de grandes études. J’ai pas eu d’héritage. J’ai pas eu de piston. Mais j’ai eu autre chose : l’envie de m’en sortir.”
Quand j’ai rencontré André, il m’a dit en me regardant droit dans les yeux :
“Je ne sais pas si mon histoire mérite un livre, mais ce que je sais, c’est que mes petits-enfants doivent l’entendre.”
André est né dans une famille où on ne rêvait pas grand. Pas par manque d’ambition, mais parce qu’on avait d’autres priorités : mettre du pain sur la table. À 14 ans, il quitte l’école pour travailler. À 16 ans, il découvre ce qu’il appelle “la vraie école de la vie”, en enchaînant les petits boulots : livreur, apprenti mécano, ouvrier de chantier. “Quand on ne sait pas quoi faire, la vie décide pour nous. Moi, elle m’a mis une pelle dans les mains.”
Alors il gagne son pain. Il apprend. Il écoute ceux qui savent. Un jour, il se retrouve sur un chantier à observer un contremaître gérer une équipe. Et une idée germe dans sa tête : “Pourquoi je ferais pas ça, moi aussi ?”
À 28 ans, il se lance. Il crée une petite entreprise de maçonnerie avec un ami. Un camion d’occasion, quelques outils, quelques contacts grifonnés dans un carnet. Les débuts sont rudes. Il me raconte les fins de mois où il devait choisir entre payer ses ouvriers et remplir son frigo. Les nuits à refaire les comptes au centime près.
“Le premier gros contrat que j’ai décroché ? J’ai failli ne jamais le signer parce que j’avais perdu mon stylo !”
Mais il s’accroche. Il travaille plus que les autres. Il gagne la confiance de clients, de promoteurs. Son entreprise grossit, devient un acteur incontournable dans la région. Trente ans plus tard, il dirige plus d’une centaine d’ouvriers et construit des immeubles là où, gamin, il livrait des journaux.
Aujourd’hui, André est un homme comblé. Retraité, entouré de ses petits-enfants. Il a voulu écrire son histoire pour eux. Pas pour raconter son succès, non. Mais pour leur dire que tout est possible, qu’on peut commencer avec rien et construire quelque chose de solide, tant qu’on ne laisse personne nous faire croire que c’est hors de portée.
Quand je lui ai remis son livre, il a hoché la tête, satisfait : “C’est drôle, hein… Moi qui ai toujours été nul en rédaction, voilà que j’ai un livre à mon nom !”
Merci, André, pour cette belle leçon. Et pour ce rappel essentiel : ceux qui réussissent ne sont pas ceux qui ont les meilleures cartes au départ, mais ceux qui refusent de plier le jeu.
Chronique rédigée par Anne-Sylvie Pinel, plume de vie : https://ecrivainbiographeparis.com/
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