– Moi quand je serai grande, je serai écrivain et danseuse !
Avez-vous remarqué comme les enfants préfèrent les ET aux OU ?
Pour eux, tous les possibles coexistent et choisir n’implique pas nécessairement de renoncement. Un métier consiste à faire ce que l’on aime, voilà tout, l’enthousiasme s’inscrivant comme guide infaillible et seul critère qui vaille. Dans leurs yeux débordant d’optimisme, les opportunités courent les rues et toutes les ambitions sont envisageables. Ils aiment chanter et jouer au foot ? Ils seront chanteurs et footballeurs, tout simplement. Après tout, pourquoi se priver de toutes les possibilités qu’offre la vie ?
Au début, quand j’exprimais mes ambitions d’écriture et de danse, les « grands » souriaient avec tendresse. Comme c’est mignon, les rêves d’enfant…
Puis j’ai grandi.
Mais mes rêves n’ont pas pris une ride. Le regard attendri des grands s’est alors durci. Quoi ?! écrivain et danseuse ? Mais il faut choisir, et ce n’est pas un métier, ça va être compliqué, les places sont chères, tu ne vas rien gagner, de toute façon ce n’est pas possible, mais tu rêves, tu es complètement idéaliste… Plus j’étais déterminée, plus les dents grinçaient
Au point parfois de me faire douter. Peut-être étais-je complètement barrée d’imaginer pouvoir vivre de ce qui me faisait le plus vibrer ?
Barrée pour barrée, autant tenter sa chance. N’en déplaise à mon entourage sceptique, j’ai suivi mon instinct plutôt que ma raison. J’ai fait une prépa littéraire, des études de journalisme, le Conservatoire de théâtre dans l’optique d’aiguiser ma plume et ma langue, tout en continuant à suivre des cours de danse, jamais lasse de pirouettes et de grands jetés.
J’ai dit non à des jobs gratifiants pour dire oui à des projets qui l’étaient beaucoup moins, sans trop savoir où cela allait me mener… mais avec une confiance inébranlable en la vie.
Alors certes je ne suis ni la Duras ni la Piétragalla ; je n’ai pas écrit de best-seller et je ne voltige pas sur la scène de l’Opéra Garnier. Mais j’ai froufrouté avec fougue sur des dizaines de scènes comme danseuse de french cancan ; et j’écris chaque jour des livres pour tous ceux qui veulent raconter leur histoire à travers mon métier passion d’écrivain biographe.
Mon parcours n’a pas été linéaire et n’est pas le plus glorieux sur Linkedin. Mon profil hors case ne récolte pas toutes les faveurs sur le marché du travail. Mais j’ai tenu mon autopromesse et je vis la vie que je voulais : quand je suis grande, je suis écrivain et danseuse…
Et vous, quels étaient vos ambitions quand vous croyiez encore que tout était possible ?
Envie de lire d’autres chuchotis d’Anne Sy ? C’est par ici.
Découvrez aussi les autres rubriques de ce blog : Un livre une vie, Vivre de l’écriture et Écrire pour Vivre.
